Identité et genre : un défi anthropologique et éducatif majeur au sein de nos établissements — Union des Réseaux Congréganistes de l'Enseignement Catholique

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Identité et genre : un défi anthropologique et éducatif majeur au sein de nos établissements

Tel était l’intitulé de la journée de formation qui a réuni le 14 décembre différents acteurs des organismes de formation de l’UNIFOC : directeurs d’OF, délégués de tutelles, formateurs.

Portée par l’association St Joseph Formation Animation, et accueillie par le Centre Don Bosco de Lyon, cette proposition sur les questions de genre et de transidentité a suscité émotion et enthousiasme. 

Au programme de la matinée : les témoignages de deux invités. En effet, entrer dans la réflexion par la parole des concernés s’est rapidement imposé comme une évidence pour les organisatrices. « C’était important pour moi d’entendre les personnes concernées, de me laisser déplacer par elles et ainsi déconstruire les représentations que j’avais. » confie Chahina Baret. Même souhait chez Marie-Chantal Daniel, ancienne responsable de la formation pour les sœurs de la Présentation de Marie et formatrice régulière pour les organismes de l’UNIFOC, notamment le CAM, via l’association Sésame : « J’avais déjà beaucoup travaillé sur l’homosexualité et ça m’avait fait avancer et mieux comprendre ces personnes, ça m’avait déplacée. De la même manière rencontrer une personne transsexuelle était très intéressant. Par ce type de rencontre on a moins peur, et on avance sur le chemin de la compréhension. » 

Jean-Michel Dunand, fondateur de la Communion Béthanie, catholique homosensible et responsable de la pastorale dans le lycée Montpelliérain Notre-Dame de la Merci et Anne-Gaëlle Duvochel, femme transgenre et artiste, qui a effectué sa transition à l’âge de 55 ans, nous ont raconté leur parcours, leurs épreuves, leur chemin de foi et de croix. « Les témoignages étaient intenses, comprendre ce que vivent ces gens, leur honte… C’est difficile à entendre. » reconnait Marie-Chantal Daniel. Même chose pour Chahina Baret : « J’ai été touchée de voir à quel point ces personnes souffrent, sont seules, à quel point ce qui compte c’est l’amour, l’affection, plus que la sexualité. » Beaucoup des personnes présentes ont notamment été touchées par l’importance et le soin accordé aux mots. « Je préfère parler d’homosensibilité plutôt que d’homosexualité : les sentiments amoureux, la tendresse, le partage, la fidélité… c’est à tout cela aussi que nous aspirons. » a expliqué Jean-Michel Dunand. S’en est suivi un échange par visio avec Maître Daez, avocat, dont l’apport éclairant et structurant a visiblement était très apprécié.

L’après-midi, les témoignages du matin ont été complétés par le visionnage d’une interview du chanteur Bilal Hassani, jeune homme homosensible qui aime arborer des tenues féminines recherchées, dont la grande maturité derrière l’exubérance affichée a pu surprendre. Puis nous avons écouté la parole des jeunes par le biais d’un micro-trottoir filmé. La journée s’est achevée par un apport très dense sur des notions poussées de sociologie, en particulier sur les études du genre, proposé par Catherine Fino, religieuse salésienne et professeure de théologie morale à l’ICP.

Malheureusement, le temps a manqué pour proposer une intervention filmée qui avait été préparée avec une psychologue… Marie-Chantal Daniel est convaincue que cette journée en appelle d’autres : « Le travail est loin d’être terminé. Nous n’avons pas eu le temps d’avoir l’apport de la psychologie sur ce sujet, or il nous fait croiser avec la question du développement psycho-affectif de l’enfant. Qu’est-ce que cela enclenche dans la construction de son identité ? Quels sont les impacts ? Comment amortir le choc ? Il y a forcément des effets. » Chacun a bien conscience qu’il faudra passer de la théorie à des pistes concrètes pour nos établissements.

Marie-Chantal Daniel poursuit : « Il faut comprendre comment se construit l’identité sexuée. Les enseignants, surtout des petites classes, sont demandeurs d’outils. Même si ça n’est pas le même sujet, il y a déjà beaucoup de choses qui existent pour l’inceste ou les violences sexuelles : on a bien progressé sur ce sujet. Il faudrait faire pareil, proposer des ressources, comme celles que le SGEC propose sur le PPPF par exemple. Une fois cette exploration que nous menons terminée, il faudra faire du partage de pratique, déclencher les intelligences collectives : nous sommes capables, formateurs et organismes de formation, de bâtir une proposition, mais il nous faut encore travailler. » Conviction partagée par tous les participants, notamment le Père Jean-Noël Charmoille, prêtre salésien, délégué du Provincial à la tutelle du réseau et président de l’URCEC : « C’était une bonne première approche, avec des intervenants de grande qualité. Maintenant il faut aller plus loin dans notre étude et entrer dans le concret. »

Journée de sensibilisation pour les chefs d’établissement ? Formation à la posture d’accompagnement et à l’écoute ? Vidéos-capsules à destination des personnels scolaires et des enseignants ? Plusieurs pistes ont été soulevées. Le travail doit se poursuivre dans le courant de l’année 2022 d'autant que l'approche collective a été porteuse : « J’ai beaucoup apprécié notre travail de collaboration entre organismes de formation : ce sera à refaire ! » s’est enthousiasmé Françoise Barbier.

Catherine Boulanger - Chargée de Mission UNIFOC - URCEC

Cette journée est le fruit du travail de 5 membres de l’UNIFOC : Françoise Barbier (St Joseph formation animation), Chahina Baret (réseau AGI), Sabine Claudio (Assomption France), Corinne Lerevenu (Centre Angèle Merici) et Myriam Maréchal (Maison don Bosco).

Pour consulter le dépliant des organismes de formation de l’UNIFOC, c’est ici