La situation démographique des congrégations religieuses et du clergé — Union des Réseaux Congréganistes de l'Enseignement Catholique

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La situation démographique des congrégations religieuses et du clergé

Soeur Agnès Thevenin a planté le décor, et partagé la réalité démographique des religieux et du clergé de France. Comme nous le savons, le tarissement des vocations sacerdotales et religieuses depuis 40 ans est très important. Cette réalité touche toute l’Eglise, et donc les congrégations religieuses, à quelques exceptions près.

L’examen de la situation démographique des congrégations est révélateur. Un recueil de données effectué sur une cinquantaine de congrégations (sur les 95 des adhérents de l’URCEC environ) donne les éléments suivants. Ces données concernent tous les religieux et religieuses présents et engagés en France, dont les religieux et religieuses d’origine étrangère.

Sur la base de ces données et des informations recueillies les concernant, il y apparait que : 

  • Plus des deux tiers des religieux présents en France ont plus de 80 ans, et plus de 85% ont plus de 70 ans, 
  • Les religieux de moins de 60 ans représenteraient moins de 9% de l’ensemble
  • 9% des effectifs sont étrangers et font principalement partie de la catégorie des moins de 60 ans,
  • 50 % de ces congrégations ont moins de 30 membres

On notera par ailleurs que le nombre de religieux en France, qui est aujourd’hui d’environ 25000 (dont 4000 moines et moniales), a baissé de près de 50% en 10 ans. Cette évolution va s’accélérer dans les prochaines années.

Analyse

Il convient de prendre toute la mesure de ces données qui confirment ce que les congrégations nous partagent de leur situation. Si la perte d’effectifs et le vieillissement des congrégations religieuses sont bien repérées depuis de nombreuses années, nous sommes arrivés à une étape particulièrement difficile : la part relative de religieux très âgés et la très faible proportion de religieux actifs et valides rend impossible le maintien des activités apostoliques ou caritatives historiques de beaucoup de congrégations.

Certaines congrégations ont déjà dû cesser toute activité apostolique ou caritative. D’autres savent qu’elles devront le faire à court ou moyen terme, même si certaines peuvent encore s’appuyer sur un contingent de membres de 70 / 80 ans encore actifs qui assurent un certain nombre de responsabilités, au service des congrégations elles-mêmes mais aussi, dans mais aussi dans leurs activités caritatives. 

Une cassure à venir

En revanche, on peut considérer que dans 5 ans environ, les personnes de la tranche des 70/80 ans quitteront leurs fonctions opérationnelles du fait de leur âge, et il n’existe pas de relève.

Le fait que les religieux de la tranche des moins de 60 ans sont en grande partie des étrangers, dont un certain nombre sont en étude, renforce le caractère critique de la situation. Nous allons vivre dans les toutes prochaines années, une période de « cassure », avec la disparition rapide de la présence des religieux dans les structures.

En conclusion, on peut retenir qu’à très court terme, un grand nombre de congrégations religieuses vont devoir se désengager de leurs liens avec les établissements, soit comme propriétaires des locaux occupés, soit comme tutelle spirituelle et ecclésiale, soit comme partie prenante de la gouvernance ou de la gestion de ces établissements. Ce mouvement est déjà largement engagé, bien sûr, mais il va s’accentuer fortement ces prochaines années, de façon sans doute assez brutale. 

Du côté du clergé : une semblable faiblesse

La situation du clergé séculier n’est pas plus enviable… Plus de la moitié des 12 000 prêtres diocésains ont plus de 75 ans, âge théorique de leur retraite, la moyenne d’âge étant de 78 ans, juste en dessous de l’âge médian qui s’élève à 79 ans. Le nombre d’ordination, environ 90 par an, ne permet pas, loin s’en faut d’assurer le remplacement des prêtres malades, très âgés ou qui meurent chaque année. Exemple de la Bretagne historique sur la représentation graphique ci-dessous.

En 2015, 80 prêtres diocésains ont été ordonnés. Pendant ce temps-là, plus de 400 prêtres sont morts. Un déséquilibre qui traduit mieux que de longues explications l’évolution démographique du clergé séculier de l’Eglise de France. En 2014, le journal La Croix, se fiant aux statistiques de la CEF, prévoyait environ 4250 prêtres actifs en 2024, contre 5600 aujourd’hui, synonyme de la perte en moyenne d’un quart de leur effectif. Quelques données factuelles, toujours d’après les mêmes prévisions, histoire d’illustrer cette approche statistique : 

A Auch, il y a aujourd'hui 19 prêtres actifs, il en restera 11 en 2024. A Quimper, le nombre de prêtres sera divisé par deux, tombant de 92 à 42. A Viviers et Rodez, il restera moins d'un tiers des prêtres qui y sont actuellement, soit 13 prêtres contre 38 pour le premier et 15 contre 45 pour le second. A Belfort-Montbéliard, ils passeront de 25 à 9. A Mende, de 25 à 11. A Saint-Claude, de 33 à 14. Les grandes villes ne seront, du reste, pas épargnées. A Nantes, les prêtres diminueront de moitié, de 148 à 75, et à la Rochelle, de 104 à 45. 

Le prêtre français est un prêtre âgé. Que le manque de vocations sacerdotales pèse sur la pyramide des âges des prêtres n'est pas une surprise, mais l'ampleur du phénomène est impressionnante.