Laïcité et projet spécifique des établissements catholiques — Union des Réseaux Congréganistes de l'Enseignement Catholique

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Laïcité et projet spécifique des établissements catholiques

La laïcité est une notion bien française, difficilement traduisible dans d'autres langues. Elle apparaît dans notre histoire, au fil de l'affrontement Église/État, à l'occasion de l'installation de la République, au cours du XIXe siècle. L'approche de la laïcité s'est cristallisée dans la querelle scolaire lorsque l'État a institué l'École publique laïque. Il importe aujourd'hui plus que jamais de rappeler le sens du projet de l'Enseignement catholique.

La constitution de 1946 s'ouvre par l'affirmation, en son article 1, que « la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale ». Et la Constitution de 1958 le rappelle, dans son article 1, et précise : « la laïcité assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances ». 

Le projet spécifique des établissements catholiques

 Les établissements catholiques déploient un projet d'éducation explicitement référé à la vision chrétienne de la personne humaine, réfléchissent leur mode d'organisation à la lumière de la pensée sociale de l'Église, donnent toute sa place au questionnement spirituel en recourant au dialogue entre les diverses traditions et proposent, à ceux qui le souhaitent, une éducation à la foi catholique. Les établissements catholiques ne sont pas, d'un côté, des établissements scolaires, et, d'un autre côte, des lieux d'Église. Les diverses responsabilités sont intégrées dans un même projet : « L'École catholique propose à tous son projet éducatif spécifique et, ce faisant, elle accomplit dans la société un service d'intérêt général.[...] » (Statut de l'Enseignement catholique, article 13).

Excluant fermement tout endoctrinement ou tout prosélytisme, les établissements catholiques refusent de séparer formation humaine et formation spirituelle et d'occulter toute expression religieuse. La culture dispensée à l'École ne peut faire fi de la dimension religieuse de toute culture. La prise en compte du fait religieux ne peut se limiter à des éléments strictement objectivables. Elle doit aussi rendre compte des expériences religieuses, porteuses, aujourd'hui encore, dans notre société et sur tous les continents, d'aspirations humaines fondamentales. L'expérience religieuse interroge la question de la vérité « dont la recherche dans les différents champs du savoir se fonde sur une démarche rationnelle, mais qui peut faire appel à d'autres formes de l'expérience humaine et de la culture » (Socle commun de connaissances, de compétences et de culture, domaine 3 « La formation de la personne et du citoyen »). Une approche incarnée et raisonnée des diverses traditions ne doit pas conduire à un relativisme prétendant que tout se vaut. S'il est des divergences à respecter, la formation à la liberté doit aussi conduire à la perception des convergences qui permettent de construire un projet de société commun.

 Dans les établissements catholiques, le message de l'Évangile est exposé à tous, comme une proposition, contribuant à l'éducation des libertés, comme le soulignent l'Église elle-même : « Les Écoles catholiques sont fréquentées également par des élèves non-catholiques et non-chrétiens. Et même, en certains pays, ceux-ci constituent une large majorité. [...] On respectera donc la liberté religieuse et de conscience des élèves et des familles. La liberté est fermement défendue par l'Église. Pour sa part, l'École catholique ne peut renoncer à la liberté de proposer le message et d'exposer les valeurs de l'éducation chrétienne. C'est son droit et devoir. Il devrait être clair à tous qu'exposer et proposer n'équivaut pas à imposer. La contrainte en effet comporte une violence morale que le message évangélique et la discipline de l'Église écartent résolument »(Dimension religieuse de l'éducation catholique, 1988).

 Les établissements catholiques ne sont donc pas des écoles laïques, au sens où l'on l'entend pour l'École publique. Les enseignants, qui ne sont pas des fonctionnaires, ne sont pas tenus au « devoir de stricte neutralité » et l'École catholique est un espace ouvert à tous, permettant l'expression, respectueuse de chacun, de convictions religieuses. En revanche, les établissements catholiques se montrent extrêmement attentifs à l'esprit de la laïcité : la liberté de conscience et d'expression, la liberté religieuse, la reconnaissance de l'égale dignité de chacun et le refus de toute discrimination.
Les établissements catholiques associés à l'État par contrat ne sont pas des établissements communautaristes. Ouverts à tous, ils continuent, comme institution d'Église, à professer la foi catholique. Mais ils ne sont pas des établissements confessionnels réservés aux seuls catholiques.

Nouveau contexte pour la laïcité

 Les équilibres trouvés entre les Églises et l'État se trouvent interrogés dans la dernière partie du XXe siècle par l'importance de l'islam en France. La laïcité « à la française » dans laquelle l'Église catholique a appris à vivre depuis un siècle et demi n'est pas familière à certaines communautés musulmanes. Il faut donc assurément trouver les moyens d'une pédagogie renouvelée. En outre, le mode d'expression religieuse en France et l'existence même de la laïcité font que l'expression publique des cultes catholique, protestant et juif - présents sur le territoire national en 1905 - reste le plus souvent assez modérée. L'islam s'installe en France avec une visibilité qui peut gêner la mentalité française. D'autant plus à une époque où la revendication identitaire de certains musulmans peut donner lieu à des comportements communautaristes, apparaissant comme de nature à compromettre l'unité de la Nation. Enfin, l'islam (« les islam », faut-il peut-être dire) n'a pas un mode d'organisation semblable à celui des autres cultes. Même si des organisations représentatives voient progressivement le jour, elles peuvent ne pas faire l'unanimité des diverses communautés. Les relations de l'État à l'islam restent donc complexes. Ce contexte a conduit à une réaffirmation par l'État du principe de laïcité, ce qui explique un certain nombre de mesures.


La question du voile donne lieu à de nombreux débats et a entraîné la loi de mars 2004 sur l'interdiction des signes religieux à l'École : « Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. » Cette loi s'applique donc aux seuls établissements publics. Dans les établissements catholiques, il appartient au règlement intérieur de fixer ce qui est admis au nom de la possibilité de ses convictions religieuses, et ce qui est interdit s'il y a risque de prosélytisme.

 Un observatoire de la laïcité est créé le 25 mars 2007, auprès du Premier ministre. Il est régulièrement saisi de diverses questions et rend des avis.

 Le sentiment que la laïcité était insuffisamment connue des citoyens a conduit à l'écriture de la Charte de la laïcité, en septembre 2013, dans le cadre de la loi de refondation. La Charte de la laïcité, apposée dans les établissements publics, est présentée comme un support pédagogique, dont l'intention est de rappeler dans un langage simple les principes essentiels de la laïcité. Les Écoles catholiques n'ont pas souhaité afficher la charte, ce qui ne signifie en aucun cas, qu'ils sont opposés à la laïcité. Mais l'École catholique n'est pas une École laïque, au sens où cela se comprend pour l'École publique, puisque l'expression religieuse y est possible. L'Ecole catholique est bien heureusement respectueuse de la liberté de conscience, mais n'est pas un lieu neutre.

 Enfin, les événements dramatiques qu'a connus la France en janvier 2015 ont amené la ministre de l'Éducation nationale à décider d'un plan de mobilisation, dont le premier axe est de « mettre la laïcité et la transmission des valeurs républicaines au cœur de la mobilisation de l'École. »

L'École catholique, dans le cadre de sa tradition éducative et de son association à l'État par contrat, prend bien entendu part à cette mobilisation au sein de sa proposition éducative spécifique. C'est l'objet du plan de formation déployé à partir du printemps 2015 : enseignement catholique et éthique républicaine. Un tel intitulé souligne bien qu'il n'est pas de contradiction entre l'appartenance à l'Église catholique et la reconnaissance des principes de la laïcité, notamment de la séparation du pouvoir civil et du pouvoir spirituel, et le respect inconditionnel de la liberté de conscience et de religion.

Retrouver la contribution de l'Enseignement catholique sur cette question de la laïcité en activant le lien suivant : Laïcité / Contribution de l'EC