P. Jean-Marie Petitclerc sur RCF : « Présence d’Eglise en monde musulman » — Union des Réseaux Congréganistes de l'Enseignement Catholique

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P. Jean-Marie Petitclerc sur RCF : « Présence d’Eglise en monde musulman »

Chaque mercredi matin, RCF diffuse sur ses ondes nationales la chronique des Salésiens. Cette semaine, le père Jean-Marie Petitclerc, salésien de Don Bosco, éducateur, coordinateur du réseau Don Bosco Action Sociale (DBAS), nous propose : « Présence d’Eglise en monde musulman »

Il m’est souvent arrivé, et il m’arrive encore, lorsque je parle du Valdocco, – cette association de prévention que j’ai fondée en 1995 sur la dalle d’Argenteuil, et qui aujourd’hui est présente sur 12 quartiers qualifiés de sensibles, dans les métropoles du Grand Paris, du Grand Lyon, de Lille, de Nice et de Marseille, – d’être ainsi interpellé : « La majorité des jeunes que vous rencontrez dans ces quartiers se réfèrent à l’islam. Qu’en est-il alors de votre apostolat de prêtre catholique ? » Une telle question se pose en effet. Et j’aime répondre, avec humour, que la spiritualité qui m’anime n’est pas celle de la reconquête des Templiers, mais plutôt celle de la présence discrète de Charles de Foucauld, que le pape François vient de canoniser le 15 mai dernier.

Que voulez-vous dire par là ?

Il s’agit de développer, à sa manière, cette présence discrète d’Église, en témoignant de l’Évangile par l’instauration de rapports fraternels. Charles de Foucauld a été le chantre de la fraternité universelle. L’approche qu’il développa au Maroc n’est pas celle de la conversion, mais celle de l’attention bienveillante à l’égard de ceux qu’il rencontre et en qui il voit des frères. Il aimait dire : « Je suis moine, non missionnaire, fait pour le silence, non pour la parole. »

Pour lui, le concept de fraternité universelle ne consiste pas en un sentiment idéaliste et vague, mais dans la pose d’actes concrets par lesquels on manifeste que l’on est frère de chacun sans exception, « qu’il soit bon ou mauvais, ami ou ennemi, bienfaiteur ou bourreau, chrétien ou infidèle » pour reprendre ses mots, car, selon lui, « c’est en aimant les hommes qu’on apprend à aimer Dieu. »

L’important, au Valdocco, réside dans la qualité de présence auprès de tous ces enfants, ces adolescents, ces familles qui ont parfois le sentiment, dans le contexte actuel, d’être mal vus par notre société, où tant de discours tenus par certains politiques, et parfois même des chrétiens, les montrent du doigt comme étant la cause de l’insécurité, dont bien souvent ils sont les premières victimes. Ce dont chaque personne a le plus besoin, n’est-ce pas d’abord de reconnaissance ?

Quelle est alors, selon vous la première mission des éducateurs salésiens ?


On peut la résumer par ce verset d’évangile : « Celui qui accueille un enfant en mon nom, c’est moi qu’il accueille. »(Mc 9, 36) Autrement dit, il s’agit de nouer avec l’enfant, quel qu’il soit, chrétien, musulman, boudhiste ou athée, une relation dans le même registre que celle nouée avec Christ, c’est à dire fondée sur le « Croire, Espérer, Aimer ». Croire en chacun de ces jeunes rencontrés, être auprès d’eux témoin d’espérance et les aimer comme ils sont, et non pas comme on voudrait qu’ils soient, tel est selon moi l’essentiel.

Et je conclurai alors par cette prière de Charles de Foucauld : « Seigneur, daigne me donner le sentiment continuel de ta présence, de ta présence en moi et autour de moi (…) qui fait qu’on se tient devant son frère avec un grand désir et une volonté de faire tout ce qui est bon pour lui, et une grande crainte de faire, dire ou penser quelque chose qui lui fasse mal. Amen »

Jean-Marie Petitclerc